Michael Cimino, un mirage américain
avec John Savage, Tommy Fitzgerald, James Toback
France - 2022 - 2H11 - VOSTF
Cycle L'Amérique de Jean-Baptiste Thoret
En partenariat avec Festi'Clap
Tarif réduit : 6,50€
4,50€ pour les détenteur.trice.s de la carte Festi'Clap
En avril 2010, Jean-Baptiste Thoret prend la route avec Michael Cimino, de Los Angeles au Colorado. « Si vous voulez comprendre mes films, lui avait alors dit le réalisateur de Voyage au bout de l’enfer, vous devez voir les paysages où ils ont été tournés ». Ce road-movie oral et enregistré deviendra d’abord un profil publié dans les Cahiers du Cinéma puis un livre, Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique (Flammarion). Dix ans plus tard, Cimino n’est plus mais son fantôme continue de hanter certains replis de l’espace américain.
« Michael Cimino, un mirage américain semble toutefois s’inscrire encore plus nettement dans la filiation de We Blew It, avec lequel il partage la volonté d’entrelacer l’histoire du cinéma et celle des États-Unis dans son ensemble : la forme documentaire qu’adopte Thoret n’est pas tant celle du miroir que celle du prisme, au sens où il ne s’agit pas de produire un reflet absolument net d’un objet donné, mais de laisser se diffracter les différentes lignes qui le composent. La figure de Cimino, à l’image des ambivalentes décennies auscultées par We Blew It, apparaît moins comme un mythe glorieux et monolithique que comme un révélateur des contradictions du rêve américain. C’est ce que traduisent non seulement sa trajectoire (la fulgurance d’une ambition folle, venant se heurter à la rigueur cynique – non moins américaine – de l’industrie culturelle), mais surtout son œuvre. Comme le raconte Oliver Stone dans l’une des séquences où il intervient, elle semble hantée par le spectre d’une Amérique rêvée, que Cimino continue de mettre en scène à la manière d’un Ford, alors même qu’elle ressemble au fond davantage à celle dépeinte dans les films de Lumet. D’où le « mirage réel », pour reprendre l’expression figurant dans l’une des dernières scènes du film, que dessine la filmographie du cinéaste. Cimino semble avoir été conscient de ce paradoxe au cœur de ses films, si l’on en croit une formule que Thoret lui attribue : « Faire du cinéma, c’est inventer une nostalgie pour un passé qui n’a jamais existé. » Le documentaire souligne toutefois l’ambiguïté de cette affirmation : par une structure plus circulaire que chronologique, il multiplie les associations entre les lieux réels qui ont bel et bien inspiré le cinéma de Cimino et leur transfiguration imaginaire. Ce faisant, il montre à quel point, malgré toute sa dimension idéaliste, cette œuvre s’inscrivait dans les interrogations collectives de son époque. Thoret semble alors s’inspirer des propos tenus par Paul Schrader dans We Blew It : le cinéaste y avance que la singularité du Nouvel Hollywood résidait moins dans la qualité des films réalisés que dans la capacité de ces derniers à résonner avec les questions que se posait le public. » Critikat
