Diamant brut
avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond
France - 2024 - 1H44 - VF
Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».
« Produit par Silex Films, Diamant brut est le premier long métrage d’Agathe Roedinger, également auteure du scénario. Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), la réalisatrice, également photographe, s’était jusque-là distinguée par deux courts, J’attends Jupiter et Eve, remarquée dans plusieurs festivals. Diamant brut, en compétition officielle à Cannes, reprend un thème cher à la cinéaste, à savoir la condition féminine. Vivant dans un logement social avec sa mère (Andréa Bescond) et sa petite sœur, Liane (Malou Khebizi) se cherche univers en guise d’échappatoire, via les réseaux sociaux. Fière de ses vidéos et de ses milliers de followers, la jeune femme se dit influenceuse, publie de nombreuses vidéos, et se projette en Kim Kardsahian varoise. Aussi, quand une société de téléréalité lui propose un casting pour participer à une émission, Liane se voit déjà star dans ce milieu, quitte à susciter les moqueries de sa mère, le scepticisme de ses bonnes copines et l’agacement du jeune homme qui la courtise. La réalisatrice trouve le ton juste dans la description des errements d’une jeune fille qui se cherche. Nous sont épargnés la dénonciation facile du miroir aux alouettes médiatico-numérique, le misérabilisme d’un certain cinéma social français, les clichés d’un énième récit sur une aliénation féminine ou le jeunisme démagogique. Agathe Roedinger préfère une tonalité contrastée, ne jugeant pas ses personnages, dans la lignée d’un Renoir professant que « chacun a ses raisons ». Elle précise ainsi dans le dossier de presse : « une des directives les plus importantes était de rester à hauteur de mon personnage pour que l’on sente vraiment que je ne la juge pas, ni elle, ni son environnement, ni son rêve. Rester à la bonne distance, c’est faire en sorte que l’on ne voie aucune fabrication. Il fallait donc éviter la caricature, que ce soit par la représentation des corps déjà hyperboliques, des émotions dont les curseurs étaient continuellement poussés. » Plusieurs scènes délicates attestent de la capacité de la réalisatrice à suggérer plus que démontrer, semer le doute plutôt que convaincre, à l’image de cette virée nocturne dans une baraque, qui montre la protagoniste partagée entre son désir et un souci de liberté ; il en est de même pour ces séquences de maquillage ou d’auto-tatouage traités comme des rites tribaux ; ou encore de cette incursion surprenante du religieux, lorsque Liane prie dans le train ou apprend à Dino la prière à Saint Joseph. » àVoir-àLire