La Soif du mal

de Welles Orson

avec Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles

USA - 1958 - 1H51 - VOSTF

En version restaurée !

L’explosion d’une bombe dans le secteur américain de Los Robles, petite ville frontalière entre les États-Unis et le Mexique, fait craindre des complications entre les deux pays. Un policier mexicain, Mike Vargas, alors en voyage de noces, décide de s’investir dans l’enquête et découvre les méthodes peu recommandables de son homologue, Hank Quinlan. Vargas et sa femme se retrouvent pris au piège entre une police locale corrompue et les gangs de la région.

« ournage de nuit, en six semaines. Casting royal : Janet Leigh, Marlene Dietrich dans son dernier grand film, à contre-emploi en diseuse de bonne aventure, Charlton Heston auréolé du succès des Dix commandements, et Welles himself qui interprète le capitaine Quinlan. Rythme précis, caméra fiévreuse. Une explosion en guise d’exposition, qui plante avec intelligence le décor et installe les personnages. La photo somptueuse, aux noirs éblouissants, qui répond à la musique de Mancini, le long plan-séquence à la grue en ouverture, devenu une référence du genre… Et malgré tout, le semblant de retour en grâce de Welles auprès des studios est de courte durée : Universal n’aime pas le montage final et le remanie entièrement. Désavoué, Welles écrira un long plaidoyer pour défendre son travail, mais il faudra attendre près de trente ans après la sortie du film pour que le monteur Walter Murch livre une version enfin conforme aux intentions du cinéaste. Car loin de n’être qu’une nouvelle démonstration de la virtuosité de Welles, La Soif du mal parle politique, pouvoir et manipulation. Explore les frontières poreuses entre Mexique et États-Unis, entre le crime et la loi, entre l’illusion de la jeunesse et l’expérience désabusée. Mais surtout, c’est un film à tiroirs, qui contient et résume toute la complexité de son réalisateur, ses contradictions, ses passions, pour Shakespeare, pour l’art de l’illusion. Welles mêle le mélodrame au grotesque, triture à pleines mains la matière noire des polars traditionnels, dynamite les codes, s’aventure à grand renfort de plans audacieux dans les tréfonds de l’âme humaine, et l’essore pour en récolter la suprême noirceur. Un chef-d’œuvre, troublant et vénéneux. » la Cinémathèque