La Trilogie d’Oslo : Désir
avec Jan Gunnar Røise, Thorbjørn Harr, Siri Forberg
Norvège - 2025 - 1H58 - VOSTF
Un ramoneur, heureux père de famille, en couple avec son épouse depuis des années, a une aventure inattendue avec un client ... Il ne la considère ni comme l’expression d’une homosexualité latente, ni comme une infidélité, juste comme une expérience enrichissante. Il s’en ouvre à son épouse, qui le prend mal, puis à son patron, marié comme lui, qui lui avoue faire toutes les nuits des rêves récurrents dans lesquels il est une femme, objet du désir de David Bowie...
« Une même réplique se fait entendre durant Amour et Désir : « le corps est un champ de bataille ». En visionnant l’entière Trilogie d’Oslo, nous voilà tentés de préciser cet axiome : « le corps et le cœur sont un champ de bataille ». Lorsqu’il exprime le désir, le corps se fige (Rêves), s’abandonne (Amour) ou apprend (Désir). Et le cœur s’enflamme plus ou moins. Lorsque nous sommes malades, le corps se meurtrit et le cœur est contrit (Amour). Dag Johan Haugerud nous dépeint tels que nous sommes. En perpétuel transit. Là où l’équanimité et le repos n’équivalent qu’à une simple trêve. L’action de ses trois longs-métrages se déroule de nos jours à Oslo. Dans Rêves, une lycéenne tombe amoureuse de sa jeune professeure de norvégien et français. Dans Amour, une urologue et son collègue infirmier poursuivent des relations sentimentales qui semblent d’emblée incertaines. Dans Désir, deux ramoneurs cherchent à décrypter leur inconscient. Ces trois histoires en apparence dissemblables se répondent à bien des égards. Chacune montre un visage complémentaire d’Oslo : une partie de son fjord et de ses mythiques statues (Amour), l’architecture moderne d’un lycée, puis de ses tours d’habitation (Rêves), ses toits et tunnels routiers animés (Désir). La ville en tant que personnage nous charme comme dans certaines œuvres du néoréalisme italien et de la Nouvelle Vague, voire du film noir. Sa représentation renvoie au contexte social, parfois intime, des protagonistes. À la faveur de séquences urbaines ponctuant la narration, l’atmosphère de la capitale est capturée. Plutôt ensoleillée dans Amour et Désir, joyeuse et vivante, rythmée par les mélodies sautillantes au trombone de Peder Capjon Kjellsby. Davantage nocturne dans Rêves, taciturne et mélancolique. Grave en raison de cet amour réduit au silence, car interdit, réussissant néanmoins à s’exprimer à travers les notes fantasmatiques des cuivres et violons de la compositrice Anna Berg. La beauté de La Trilogie d’Oslo tient aussi en sa pudeur. Elle montre l’amour et le désir sans représenter pleinement l’acte sexuel. Elle s’arrête aux corps partiellement dénudés, aux étreintes dans l’eau et aux baisers dans un lit. Voilà une trilogie où l’on parle avant tout de sentiments et de ce qui se meut en soi. Le talent de dialoguiste de Dag Johan Haugerud côtoie ici la psychanalyse. On se remémore tour à tour certains héros des films de Woody Allen ; des discussions décomplexées sur la sexualité, propres aux œuvres d’Alain Guiraudie ; ou l’analyse des dynamiques de couple chère à Ingmar Bergman. » Bande à part
