
La Trilogie d’Oslo / Rêves
avec Ella Øverbye, Ane Dahl Torp, Selome Emnetu
Norvège - 2025 - 1H50 - VOSTF
Johanne tombe amoureuse pour la première fois de sa vie, de sa professeure. Elle relate ses émotions dans un carnet. Quand sa mère et sa grand-mère lisent ses mots, elles sont d’abord choquées par leur contenu intime mais voient vite le potentiel littéraire. Tandis qu’elles s’interrogent, entre fierté et jalousie, sur l’opportunité de publier le texte, Johanne se démène entre la réalité et le romanesque de son histoire...
« La trilogie d’Oslo / Rêves est le premier volet d’une trilogie qui parle moins d’Oslo que des histoires d’amour qui s’y nouent et s’y dénouent. Il faut dire que cette entrée en matière, très travaillée d’un point de vue visuel et de la mise en scène, résonne aussi fort que les promesses de la trilogie de Krzysztof Kieślowski Trois couleurs. Les couleurs que le réalisateur déroule sont celles de la valse des sentiments, et particulièrement ici d’une jeune fille qui a transformé cet amour interdit en une œuvre littéraire, interrogeant en réalité l’alignement quasi impossible entre les états d’âme d’une lycéenne et les positionnements d’une adulte, de surcroît sa professeure, à son égard. Pendant que l’une découvre l’émerveillement de l’amour, comme une parenthèse enchantée dans son existence, l’autre, plus mature, intègre cette relation à sa vie avec en arrière-plan, la capitalisation de ses expériences sentimentales passées. La trilogie d’Oslo / Rêves est d »une redoutable intelligence. Si le récit commence par un banal coup de foudre, le scénario ouvre des fenêtres beaucoup plus sombres. On pense immédiatement au premier roman de Colette Claudine à l’école ou celui de Françoise Sagan Bonjour tristesse qui, en plus de mettre à nu une relation scandaleuse entre une mineure et une personne d’âge mur, révélaient au monde deux immenses écrivaines. Sans le savoir, Johanne produit un rêve de littérature, emprunte les voies que ses parents ou grands-parents n’ont pas su apprivoiser, et ce livre devient alors pour les adultes qui entourent la jeune fille un enjeu de rivalité et convoitise, plus qu’une justification de mise en cause de l’enseignante. La trilogie d’Oslo / Rêves parle donc de littérature et plus exactement de l’autofiction comme un rapport complexe entre le témoignage personnel et l’universalité de l’écriture. Le film parle aussi de cinéma avec ses très belles images qui campent la naissance d’une écrivaine dans un environnement urbain, très stylisé. Il parle aussi de mise en scène avec cette voix en arrière-plan qui lit l’ouvrage de Johanne et cette façon très inventive de mélanger le passé et le présent des protagonistes. Évidemment, les choses se compliquent quand l’ouvrage est publié, poussant l’enseignante à se défendre du point de vue de Johanne. L’écrivain alors revient au galop dans le film, interrogeant si les pages couchées sur le papier font acte de littérature ou acte d’accusation. La trilogie d’Oslo / Rêves ouvre la trilogie d’Oslo avec beaucoup de force. Dès cette première œuvre, Dag Johan Haugerud s’affirme comme un réalisateur accompli, fort de ses années d’écriture et de mise en mots du monde, de son monde. Il offre un film tout autant délicat que brutal, que l’adolescente dissèque dans son ouvrage à travers le comportement des adultes qui l’entourent. Le long-métrage prend le temps des dialogues, découpe la complexité des sentiments amoureux quand on a tout juste dix-sept ans. C’est un film qu’il faut appréhender comme une promenade dans le sensible ou l’intimité minuscule des personnes. Il n’y a pas d’esbroufe, ni de bruits inutiles ; seulement la douce impression qu’avec l’écriture, un monde renaît. » àVoir-àLire
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mardi 15 juillet
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dimanche 20 juillet
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