Le Pain et la rue

de Kiarostami Abbas

avec Babek Ahmad Poor, Ahmed Ahmed Poor

Iran - 2008 - 0H12 - VOSTF

  • Jeune public · À partir de 7 ans
Dans le cadre d'Ecole et cinéma

Un jeune garçon rentre chez lui après avoir acheté du pain. Dans une ruelle, un chien errant lui bloque le passage. Perplexe et effrayé, le petit garçon cherche un moyen de se sortir de ce mauvais pas.

« Le Pain et la rue est le premier film tourné par Abbas Kiarostami pour le Kanoun, l’institut pour le développement intellectuel des enfants et des adolescents à l’occasion de la création d’un nouveau département dédié à la réalisation de films éducatifs(1). L’expérience fondatrice et initiatrice pour un jeune réalisateur alors âgé de trente ans, formé à la peinture à la faculté des Beaux-Arts de Téhéran puis à la création d’affiches et de films publicitaires, coïncide génialement avec celle qu’il raconte. Au trajet latéral programmatique survient l’imprévisible interruption, l’arrêt inopiné qui suspend l’ordinaire en le mettant en question. Le présent borné s’emplit alors de durée pour le garçon qui se sent bête, livré à l’impuissance face à l’animal qui est le maître du carrefour. Si le cabot aboie hors cadre, son aboiement ne recouvre pas le grondement sourd de la sanction parentale qui monte hors-champ. Le gamin se creuse alors la tête tant les perceptions sont plus grandes que toute possibilité de les convertir en actions. Le mouvement ne sera relancé qu’à raison de trouver une Ariane d’occasion : un vieux monsieur à moitié sourd passe dans le coin, il fera l’affaire. Depuis le fond dédaléen de la rue, l’enfant a réussi à avancer un peu : à l’image, comme une évidence, il a grandi. La boîte de conserve est le joujou de ferraille trouvé par l’enfant qui marche en jouant à la balle de polo selon un vers fameux de Rûmî qui innerve tout le cinéma d’Abbas Kiarostami. Un homme va s’y substituer en attendant le chien dans la relance qui est un renouvellement en profondeur d’un élan qui inclut, avec le mouvement de la caméra en travelling-avant, le regard du réalisateur et le nôtre enlacé au sien. Le monstre vu d’un peu plus près fait alors moins peur ; il exige seulement qu’on lui cède une partie de soi. La castration a le prix symbolique d’un morceau de pain ; c’est un geste de déliaison modifiant le sens de la situation. De minotaure pour Thésée, le chien devient alors un compagnon comme le lion pour Yvain le chevalier. Le cas concret se gonfle ainsi d’une consistance mythologique soulignée par l’air de musique médiévale. Et puis l’enfant rentre chez lui et le chien reste sur le seuil… En attendant le suivant. La série est ouverte, elle a en fait commencé depuis un moment et elle continue, comme la vie. « Ob-La-Di Ob-La-Da » : on reconnaît la ritournelle des Beatles en ouverture du Pain et la rue. On s’étonne encore qu’en langue yoruba son titre signifie : « Et la vie continue ». La sensibilité est plus qu’un humanisme quand elle reconnaît au chien la métis nécessaire à la fabrique de ses petites machines de résistance et de survie dont les lignes de vie tissent des séries. L’effet de parallaxe élargit ainsi radicalement le champ en montrant cet au-delà de la nécessité qu’est, sur le seuil, l’attente de l’ami, l’horizon métaphysique du cinéma d’Abbas Kiarostami dont Où est la maison de mon ami ? (1987) demeure probablement la plus belle représentation. » Le Rayon Vert

  • mercredi 23 avril
    • 14:00
  • Tarif réduit : 4.50€