L’Image manquante

de Rithy Panh

Cambodge - 2015 - 1H32 - VOSTF

  • Séance spéciale
Prix Un certain Regard, Cannes 2013.
Séance spéciale dans le cadre de la venue de Rithy Panh.
Dimanche 2 juin à 14h00
Suivie de RENDEZ-VOUS AVEC POL POT (16h00) et IRRADIES (19h00).
Tarif 1 film : 6,50€ / 2 films : 9,00€ / 3 films : 13,50€

Il y a tant d’images dans le monde, qu’on croit avoir tout vu. Tout pensé. Depuis des années, je cherche une image qui manque. Une photographie prise entre 1975 et 1979 par les Khmers rouges, quand ils dirigeaient le Cambodge. A elle seule, bien sûr, une image ne prouve pas le crime de masse ; mais elle donne à penser ; à méditer. A bâtir l’histoire. Je l’ai cherchée en vain dans les archives, dans les papiers, dans les campagnes de mon pays. Maintenant je sais : cette image doit manquer ; et je ne la cherchais pas - ne serait-elle pas obscène et sans signification ? Alors je la fabrique. Ce que je vous donne aujourd’hui n’est pas une image ou la quête d’une seule image, mais l’image d’une quête : celle que permet le cinéma. Certaines images doivent manquer toujours, toujours être remplacées par d’autres. Dans ce mouvement il y a la vie, le combat, la peine et la beauté, la tristesse des visages perdus, la compréhension de ce qui fut. Parfois la noblesse, et même le courage : mais l’oubli, jamais.

« « Avec de la terre et de l’eau […], avec des mains vivantes, on fait un homme », écrit avec subtilité Bataille. Tout l’art de Rithy Panh est peut-être contenu dans ces figurines, symbole de son aptitude indéfectible à trouver des solutions pour lutter contre l’effacement. Rarement le cinéma sera parvenu à dépeindre avec une telle épure les souffrances indicibles de tout un peuple, et à déjouer aussi efficacement les images de propagande filmées par le régime. Ou comment de simples petites poupées d’argile, animées d’une véritable humanité, peuvent restituer toute l’inhumanité de l’oppression khmère rouge. Reste dorénavant au spectateur à participer lui-même à cette reconstruction et à renouer avec le réel oublié, comme nous y incite Christophe Bataille à la fin du film : « cette image manquante, maintenant je vous la donne, pour qu’elle ne cesse pas de nous chercher ». » àVoir-àLire