Madame de
avec Charles Boyer, Danielle Darrieux, Vittorio De Sica
France - 1953 - 1H40 - VF
Pour régler ses dettes, Madame de... vend à un bijoutier des boucles d'oreilles que son mari, le Général de..., lui a offertes et feint de les avoir perdues. Le Général, prévenu par le bijoutier, les rachète et les offre à une maîtresse qui les revend aussitôt. Le baron Donati les acquiert puis il s'éprend de Madame de... et en gage de son amour lui offre les fameuses boucles d'oreilles. Le parcours de ce bijou aura des conséquences dramatiques.
» L’art de la mise en scène, au théâtre, comme au cinéma, est un art autonome, aussi bien que la peinture, que la littérature ou la musique, et il advient parfois que pour rendre fidèlement sur l’écran (ou sur la scène) une œuvre littéraire, il faille procéder à des changements et transformations des plus radicaux… — Fort heureusement, nous ne sommes pas seuls à penser ainsi, – m’avait dit Max Ophuls, quelque deux mois avant le tournage
de Madame de…, – mais, par malheur, des idées pareilles, il faut les bien garder dans sa poche, si on veut faire des films. Les producteurs, sauf de rares exceptions, ressentent une peur panique devant le mot « forme » et surtout devant « forme personnelle », « originale », « inédite ». Avec les producteurs, il faut parler non du goût et des recherches du metteur en scène, mais du goût et des exigences du « grand public » ; non de la forme, mais du conformisme. Ce « réalisme capitaliste » est exactement un frère jumeau du « réalisme socialiste » soviétique. Vous le connaissez mieux que moi. Quant aux idées et aux recherches artistiques propres au metteur en scène, il doit savoir les introduire dans ses films en douce, en fraude, clandestinement… Au cinéma il faut être hardi, peut-être mufle, mais… (Ophuls chercha le mot) mais, malgré tout… prudent… C’est « en travaillant dans les limites que se révèle le maître », disait Goethe (Ophuls aimait citer Goethe). » Max Ophüls