Plus fort que le diable

de Huston John

avec Humphrey Bogart, Jennifer Jones, Gina Lollobrigida

Royaume-Uni - 1954 - 1H31 - VOSTF

En version restaurée

Quatre escrocs européens projettent de s'approprier un gisement d'uranium en Afrique. Ils sont associés à un aventurier américain ruiné, Billy Dannreuther. Dans un port italien où ils attendent leur bateau, ils font connaissance des Chelm, un couple de Britanniques qui se prétendent héritiers d'une plantation de café…

« John Huston est un des cinéastes les plus importants du cinéma américain, auteur d’une œuvre personnelle où il s’amusait à détourner les genres avec humour, humanité et, parfois, un brin de cynisme. Depuis Le Faucon Maltais, qui a « inventé » le film noir, jusqu’aux mafieux de L’Honneur des Prizzi en passant par les cambrioleurs de Quand la ville dort ou les paumés des Misfits, la filmographie du réalisateur est parsemée de chefs d’œuvres qui ont bouleversé l’histoire du 7ème art et qui lui ont assuré une place à part à Hollywood, en marge du système des studios.

Plus fort que le diable est une preuve de plus de cette indépendance par rapport aux producteurs tout-puissants de Hollywood. D’abord, adapter le roman d’un communiste notoire en plein MacCarthysme, il fallait oser. C’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé Huston à partir tourner son film loin de Los Angeles.

Ensuite, les aventuriers de Huston n’ont strictement rien à voir avec l’image qu’ils avaient dans les films hollywoodiens de l’époque. Ici, nous avons affaire à des personnages de losers, des minables. Et la première réplique, en voix off, donne le ton d’un cynisme ravageur qui va traverser le film. C’est la voix d’un Huston qui va amuser ses spectateurs par une galerie de portraits tous plus grotesques les uns que les autres. Pour cela, le cinéaste retrouve deux acteurs avec lesquels il avait déjà tourné, Robert Morley et surtout le formidable Peter Lorre, l’ancien M Le Maudit de Fritz Lang, qui avait déjà joué avec Huston et Bogart dans Le Faucon Maltais. Flanqués d’Ivor Barnard et Marco Tulli (un des acteurs de la série des Don Camillo), ils forment un quatuor inoubliable de bandits pitoyables mais profondément humains, peut-être les véritables personnages principaux du film, puisque le récit débute et se clôt sur eux.

Mais surtout, Huston s’associe, une fois de plus, une ultime fois hélas, à Humphrey Bogart, son acteur fétiche (et compagnon de beuveries), et lui offre à nouveau un rôle à contre-emploi. Alors que l’acteur était au sommet de sa célébrité et que les rôles de héros s’accumulaient, il se retrouve ici dans la peau d’un aventurier-bandit cynique et séducteur, abandonnant sans vergogne sa Gina Lollobrigida de femme pour aller dans les bras d’un Jennifer Jones teinte en blonde.

Et pour écrire le film, Huston va s’associer au romancier Truman Capote, encore inconnu et qui signera là son premier scénario. Il va ciseler des dialogues remarquables »

Le Mag du ciné