Sans jamais nous connaître

de Andrew Haigh

avec Paul Mescal, Andrew Scott, Claire Foy

Grande-Bretagne - 2024 - 1H45 - VOSTF

A Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d'enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans.

« Magnifique film que celui de l’Anglais Andrew Haigh, Sans jamais nous connaître, mélancolique à souhait, et plein de regrets.  Actons ce fait : Andrew Haigh est, avec Joanna Hogg et Andrea Arnold, ce qui est arrivé de mieux au cinéma britannique depuis des décennies. Si on leur ajoute la novice Charlotte Wells, auteure l’an dernier du bel Aftersun – qui entretient d’étonnantes correspondances avec ce film-ci, l’avenir du cinéma d’Outre-Manche est assuré. Il convient de noter au passage la tristesse qui parcourt l’inspiration de chacun de ces cinéastes. Auteur de Week-end et de 45 ans, Andrew Haigh sait démêler les liens noueux entre des personnages tendres et montrer l’amertume qu’ils ont déposée en eux. En 2017, La route sauvage avait d’ailleurs déposé chez le spectateur sa note mélancolique, au côté d’un jeune hobo si sensible qu’on s’étonnait de le voir affronter sans plier tant d’obstacles. Cette note longue et cafardeuse, intense et entêtante fait le prix du cinéma de Haigh. Dans Sans jamais nous connaître, il semble l’explorer sous toutes les coutures. À l’inverse de la trajectoire rectiligne de son héros dans La route sauvage, l’exploration se révèle cette fois labyrinthique et surnaturelle : Adam (Andrew Scott), un écrivain solitaire, rencontre et drague Harry (Paul Mescal) dans une tour abandonnée. Au cours d’une nuit sans fin, ils vont explorer la mémoire d’Adam, ses gouffres et ses plaies, en rendant visite à tous ceux qu’il a aimés et qui ont disparu, notamment ses parents. Jamais Haigh n’étouffe son récit sous les artifices du fantastique et les transitions voyantes pour signifier des changements de régime entre ce qui est réel et ce qui ne l’est. Au contraire, avec une douceur méditative, il rend poreuses les frontières entre les époques, le rêve et la mémoire, les vivants et les morts. » Transfuge